Tenter de sâimaginer le dĂ©pouillement vĂ©gĂ©tal du dĂ©but du printemps alors que la fin de lâĂ©tĂ© nous submerge de luxuriance nâest pas chose aisĂ©e, mais essayons tout de mĂȘme. Lâherbe est encore brune, la bise mordante, et les premiĂšres touches de vert tendre procurent un sentiment de pur bonheur, un bonheur que nous pouvons cultiver dĂšs maintenant en semant des fleurs de printemps. Pour cela, nous avons dâun cĂŽtĂ© les plantes Ă bulbes classiques telles que perce-neige, tulipes et narcisses, Ă planter avant la fin octobre ; de lâautre, les fleurs de printemps, qui sont multipliĂ©es par graines et dont on repique les plantons en ce moment, mais qui sont quelque peu tombĂ©es dans lâoubli : pensĂ©es, giroflĂ©es, myosotis et pĂąquerettes.
Ăvolution de la forme sauvage
Eh oui, les pĂąquerettes ! Elles sont aussi trĂšs jolies sauvages. Certaines Ă©volutions donnent des fleurs aux nuances trĂšs riches, allant du blanc au rose et au rouge en passant par le fuchsia. Les pĂąquerettes, appelĂ©es Bellis dans les cercles botaniques dâaprĂšs leur nom latin Bellis perennis, sont des plantes vivaces capables de se ressemer. Mais attention, les pĂąquerettes sauvages poussent presque partout ! Pour pouvoir rĂ©colter la semence dâune variĂ©tĂ© en vue de continuer Ă profiter de sa splendeur lâannĂ©e suivante, il faut la multiplier Ă lâĂ©cart de son ascendance sauvage. Conserver un profil de variĂ©tĂ© nĂ©cessite toutefois de procĂ©der Ă une sĂ©lection soigneuse et de multiplier en grands nombres.
Des noms multiples, un signe de popularité
Il existe Ă©galement une grande diversitĂ© de variĂ©tĂ©s de pensĂ©es des jardins, grĂące notamment Ă Rudolf Roggli, ancien propriĂ©taire de lâentreprise de semences Roggli Ă Hilterfingen (BE). Durant la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle, sa pĂ©piniĂšre a sĂ©lectionnĂ© nombre de variĂ©tĂ©s âViola' Ă grandes fleurs dans des couleurs flamboyantes, dont les noms trahissent leur origine oberlandaise : la âThunersee' bleu foncĂ©, la classique âEiger' jaune et noire ou la âBlĂŒemlisalp' fuchsia sont trois des multiples variĂ©tĂ©s de Roggli que ProSpecieRara contribue aujourdâhui Ă protĂ©ger. Les pensĂ©es portent plusieurs noms en allemand : Viola, StiefmĂŒtterchen, DĂ€nkeli et mĂȘme PensĂ©e. Ces diffĂ©rents noms rĂ©gionaux encore utilisĂ©s pour une seule et mĂȘme fleur montrent lâimportance que celle-ci a pu avoir, du moins par le passĂ©. En français, « pensĂ©e » fait rĂ©fĂ©rence au fait que cette fleur est souvent plantĂ©e sur des tombes, en mĂ©moire des dĂ©funts. On dit en revanche que le nom allemand « StiefmĂŒtterchen » (« petite belle-mĂšre ») vient du gros pĂ©tale infĂ©rieur qui recouvre lĂ©gĂšrement ses « filles » adjacentes, elles-mĂȘmes couvrant en partie leurs deux « belles-filles » du dessus. Comme dit lâexpression italienne, « se non Ăš vero, Ăš ben trovato ».
Un printemps luxuriant
Ă lâĂ©poque baroque dĂ©jĂ , on plantait des parterres de pĂąquerettes et de pensĂ©es en ajoutant gĂ©nĂ©ralement des giroflĂ©es et des myosotis entre les plantes Ă bulbes, offrant ainsi une splendide vision printaniĂšre en parfaite adĂ©quation avec la luxuriance de lâĂ©poque. Si lâopulence baroque ne constitue pas pour vous une motivation suffisante pour empoigner vos outils de jardin, peut-ĂȘtre serez-vous plus sensible au fait que la giroflĂ©e et le myosotis offrent une nourriture prĂ©cieuse aux pollinisateurs prĂ©coces.
Les variétés de giroflées du fonds de ProSpecieRara présentent une palette de couleurs allant du jaune au fuchsia en passant par différents rouges. Chaque jardin peut ainsi trouver la teinte qui lui correspond. Les plantes en question ainsi que certaines variétés de pensées seront disponibles à la jardinerie Homatt, à Ruswil (LU), et en ligne sur www.prospecierara.ch/catalogue-des-varietes.